Bastian Gauthier, second fils des Gauthier. Celui qu'on relègue toujours à la seconde place. Celui qui doit se démerder pour faire mieux que son ainé simplement parce qu'il a eu le malheur de naitre en deuxième. J'ai toujours vécu dans l'ombre de mon frère. Benjamin à fait-ci, Benjamin à fait ça, prends exemple sur ton frère, etc... Vous ne pouvez pas imaginer comme c'est énervant. Nos parents ont toujours mis un point d'honneur à nous mettre en compétition. Il fallait être le meilleur en sport, le meilleur à l'école, le plus gentil, le plus charmant, le plus poli, le plus drôle et j'en passe. Grandir dans une telle atmosphère n'a fait qu'augmenter ma rage. Mon envie d'être le meilleur. J'ai été conditionné pour essayer de battre mon frère. Pourtant, quoi que je fasse je reste le petit dernier, le préposé à la seconde place.

J'ai toujours été un gamin calme, le genre qui se dépense mentalement. Bien sûr j'avais le droit à mon lot de bêtises, je courais partout quand l'envie me prenait mais, ce n'était pas non plus très souvent. Généralement j'aimais bien lire. Dans ma chambre avec mon bouquin, je m'inventais des histoires. Je crois bien d'ailleurs qu'être écrivain aurait pu me plaire. Faire des études de lettres et en faire mon métier. Mon instinct de compétition m'en a toujours dissuadé ou plutôt, il était trop fort et éclipsait toutes les autres options que le droit. Mes parents n'ont pas eu de soucis avec moi. J'ai toujours mis un point d'honneur à garder mon image intact. Fils modèle, élève modèle. Une vraie perle pour les adultes. Mais comme le dis si bien le proverbe. L'habit ne fait pas le moine. J'ai toujours été ce genre de mec un peu condescendant et arrogant.Sortir avec une fille d'un lycée public c'était inconcevable pour moi, par exemple. Je n'ai jamais été aussi gentil que je voulais bien le laisser paraitre. Calculateur, malin et plutôt égoïste, j'ai toujours agi dans mon propre intérêt, que ce soit pour m'amuser ou pour travailler.

J'ai eu mon diplôme à Paris. J'ai réussi à intégrer une des meilleures universités françaises. J'ai redoublé d'effort pour y arriver, motivé par cette pression constante de mes parents. Et puis j'ai appris que mon père avait passé un accord avec Benjamin. J'étais resté à l'écart de toute cette histoire de mariage en me disant qu'il y avait tout de même un désavantage à être l'aîné. Au final, c'était faux, encore une fois c'était moi qui me faisais bien avoir. Benjamin a réussi à avoir la main mise sur les cabinets de mon père et qui se retrouve sans rien ? Nan, là c'était la pilule de trop à devoir digérer. Surtout quand il a divorcé un peu plus tard. J'ai commencé à voir les choses sous un angle totalement différents. Il était bien sûr hors de question que je capitule sans rien faire. Cet héritage je le mérite tout autant que lui, si ce n'est plus. Il ne se doute pas de ce qu'il a déclenché chez moi. Je ne suis pas idiot, j'ai pris le temps d'y réfléchir. Mon plan était simple. Gagner en assurance, me faire une image parfaite. Me mettre avec Mylessià pour être un fils modèle aux yeux des parents. Continuer mes études un petit peu, prendre le temps d'avoir de l'expérience. J'entame à présent la dernière et plus fastidieuse étape, le débarquement à Phoenix. Un gros changement dans ma vie mais c'est surement pour le mieux.